L’apport du design image et du design espace pour revalorisation d’une région au sud est tunisien, Sarra Belhassine.

Design image et design espace forment les deux concepts que nous mobiliserons pour développer et analyser notre présente recherche. Nous aurons comme point de départ un terrain spécifique, il s’agit du Sud Est de la Tunisie. Cette région se caractérise par son climat désertique obéissant à des conditions de vie en milieu aride. De ces facteurs dépend le mode de vie des autochtones de la région.
Pour rédiger cet article, nous nous référons à nos recherches doctorales et notre principal champ d’intérêt à savoir : la médiation culturelle au Sud est tunisien. Dans cette région, nous nous intéresserons particulièrement à un patrimoine architectural singulier : il s’agit des ksour.

1-Les ksour:

De l’arabe, ksar singulier de ksour, signifie palais. L’origine étymologique du mot ksar nous renvoie à un bâtiment noble et luxueux aménagé pour héberger rois et princes. Nous ne pouvons appliquer cette définition aux bâtisses nommées « ksour » au sud est tunisien. Bien que de l’extérieur leur architecture nous inspire une bâtisse grandiose, ces dernières ont été construites pour servir autres fonctions que nous citerons dans l’avancée de notre présent travail.
En les construisant, les ksour restent indépendants du village, mais à proximité. Ils forment des greniers collectifs ou un ensemble de greniers agricoles qui servent pour l’ensilage des produits alimentaires principalement les céréales, les olives, l’huile, les figues sèches et les viandes séchées. Ils permettent de conserver, d’une façon écologique, les produits engrangés en bon état pendant une période allant jusqu’à sept ans.

-2 Fonctionnalités

Le Ksar possède une multifonctionnalité : la fonction du Ksar est essentiellement agricole. A l’origine, c’est un grenier collectif qui sert de lieu d’ensilage des céréales, des olives, des produits de bétail. C’est aussi un lieu sûr où les objets de valeur sont bien en sécurité. Le Ksar était aussi une appropriation du lieu à but d’habitation. Le caractère défensif est spécial des ksour de montagne
D’autre part, le ksar remplit une fonction sociale. Cette bâtisse présentait un lieu de rencontre et de transactions commerciales qui a évolué progressivement en place de marché surtout en plaine. Le ksar assurait cette fonction de maintien et du développement de la vie sociale : une vie de groupe.
Le peuplement du sud est tunisien se déplaçait fréquemment jusqu’au changement de la politique du pays : Après l’indépendance, en 1956, les collectivités territoriales encourageaient la population à occuper un seul lieu de résidence pour s’y installer définitivement. C’est ainsi que le ksar perd sa fonction principale de grenier pour ensilage de produits alimentaires.
Suite à une certaine sécurité et paix répondue dans la région et la sédentarisation relative des populations, le ksar devient sans raison d’existence et se voit abandonné progressivement.
Aujourd’hui, les ksour sont complètement délaissés. Certains ont été démolis, autres en ruines et quelques uns repris par des particuliers pour une restauration ; voire une revalorisation patrimoniale afin de servir de produit de promotion touristique : Maintenant quelques Ghorfas et maisons troglodytes sont affectés à des prestations touristiques de passage, c’est la nouvelle fonction de ces monuments [...]

Ensuite, penser à restructurer ces espaces et y développer une stratégie de communication adéquate aux besoins de la population locale mais aussi aux touristes serait à effectuer pour une meilleure compréhension des valeurs de ce patrimoine. Dans ce sens, nous évoquons le tourisme culturel qui permet la reconstitution et la remise en contexte du passé. Cette forme de tourisme est le fruit d’une élaboration interculturelle qui se fond essentiellement sur une reconstitution mémorielle. D’un autre côté, il serait judicieux de réfléchir à établir une signalétique conçue selon des codes internationaux et une charte graphique qui renvoie à l’historique et au riche patrimoine culturel dans la région du sud est tunisien. L’apport du designer image serait dans sa réflexion à tous les signes qui peuvent servir d’outil de communication et aussi de revalorisation de ces constructions.
En parallèle, le design espace serait à penser. Appliquer la notion de design espace à ces bâtisses délaissées serait dans l’objectif d’une revalorisation, d’une restructuration pour une prochaine exploitation. Pour ce, il faut prendre en considération l’historique de la région et la raison d’être de ces bâtisses sans oublier les besoins et contraintes du présent. Cette revalorisation servira le secteur touristique et participera à son développement. Il faut en fait établir une étude bien conçue se penchant sur le réaménagement de l’espace en vue de la création d’une remise en scène adéquate reflétant le sens premier de l’existence des ksour et le degré de leur réadaptation aux besoins du présent.
Concevoir une stratégie de communication réfléchie serait d’une grande importance pour aboutir à une revalorisation plutôt qu’une dénaturation patrimoniale.

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